Chronique Music in Belgium du 26/03/2016

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Il n'est pas courant pour un groupe de rock de sortir un album live après avoir livré un seul album studio. C'est pourtant ce qu'ont osé faire les Electric Beans, un groupe originaire de Niort (France) qui aime prendre des libertés avec l'étiquette. Des étiquettes, on serait d'ailleurs bien en peine de leur en mettre une, tant le style de ce groupe se joue des classifications et refuse de se faire enfermer dans un tiroir. Le quatuor se définit volontiers comme jouant du punk moderne mais renouvelle sans cesse son attachement au heavy metal. En fait, les Electric Beans sont un groupe de rock, dans la tradition de ce rock français taquinant le binaire et le décibel avec un sens affirmé de la mélodie et une attention particulière mise sur l'écriture des textes.

Dans ce domaine, le chanteur Arno (qui n'a rien à voir avec notre Arno d'ici) aime à se livrer à des refrains potaches, taquiner les bien-pensants avec un zeste de rébellion, caresser l'absurde dans le sens du poil ou détourner des airs plus ou moins classiques pour en faire de la fine plaisanterie. Ses camarades Ludo (guitare), Phil (basse et chœurs) et FrFr (batterie, oui, c'est son nom) lui bâtissent des écrins électrifiés où il pourra poser ses chansons tapageuses ou moqueuses.

Les Electric Beans ont donc à leur actif un premier album "Sobres et en sourdine", sorti en 2014 et dont la plupart des titres vont servir de charpente à cet album live ("What the hell", "Interdit bancaire", "Faux frère", "Deal vaudou", "Coup d'jus", "Supermarché", "Comptine punk"), le reste des treize morceaux étant prévu pour figurer sur le deuxième album studio, prévu pour sortir après l'été ("Niortais", "Mœurs cathodiques", "Notre chanson", "Jeudi", "Jack", "J'ai perdu mon téléphone"). On découvre effectivement sur "Sans modération" des morceaux entraînants et énervés, présentés au public avec humour et détachement, et dont les textes monopolisent l'attention. Car du point de vue instrumental, on sent le déjà entendu et même si des références métalliques et punk (des années 2000, pas de 1977) sont évoquées par le groupe, Electric Beans se confine à des mélodies rock musclées mais qui restent hautement sympathiques.

Quand on parle d'album live, on pense souvent à du gros son bien massif et une ambiance de foule qui ravage tout. Mais ici, les sonorités restent claires, les ingénieurs du son ayant réussi à générer un son léché, sans doute au détriment d'une puissance primale mais cela ne gêne pas l'écoute, bien au contraire. On peut ainsi profiter des textes des chansons et se régaler au contact de l'humour pince-sans-rire du groupe ("Niortais", "Notre chanson", "What the hell") ou réfléchir face à ses textes également grinçants ("Interdit bancaire", "Faux frère", "Supermarché"). Une reprise cachée de "Partenaire particulier" façon punk à la fin de "What the hell" vient souligner le goût du groupe pour une certaine dérision.

Cet album live enregistré dans une ambiance bon enfant permet, pour ceux qui ne connaissaient pas Electric Beans, de faire connaissance avec ce groupe amusant et doué. Dans les années 90, il aurait été un peu noyé dans la masse des Elmer Food Beat, Mano Negra ou des Sheriffs mais dans notre époque de misère musicale populaire, les Electric Beans se parent d'atouts chatoyants.

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