Ils sont de retour en noir.
Attendus, espérés depuis six mois, les Beans et leur troisième album arrivent enfin mais nous prennent à contre-pied en semblant vouloir s’annoncer comme porteurs de desseins plus sombres.
Nous voulions découvrir la nouvelle œuvre humoristique de GIB, et voilà que la pochette nous transporte dans une scène lugubre et austère, celle d’un cimetière, orné de guitares enterrées, comme si les Beans, arrivant dans le cortège macabre et son véhicule conduit par la faucheuse, se faisaient oiseaux de la pire augure… les funérailles du rock ? un album en guise d’épitaphe ?
Quel est dont cette prophécie ? Quel message les Beans veulent porter à la face du monde ?
Seul devant un poulet égorgé, au milieu de 13 gousses d’ail, coiffé de mon chat noir, entièrement nu le céans posé dans un marc de café passé une nuit de pleine lune… j’ai invoqué les plus grands esprits délateurs, les âmes bannies des soirées variétés afin que la Sainte Parole me révèle la vérité…
Alors, m’est apparue une autre possibilité, celle d’une transformation… Comme si la chenille devenait chauve-souris, Docteur Jeckyll Mister Hide, Michel Sardou Cyd Vicious, le paysan un loup-garou, le haricot une betterave, les Beans une famille Adams…
Et si finalement cette fresque mortuaire nous prévenait d’une mutation artistique… Et si de punk, de rock, les Beans s’en étaient allés signer un pacte avec la Mort, avec le Death Metal…
Ma soirée prenait maintenant des allures de veillée funèbre… Les douze coups de minuit sonnaient sur ma grande horloge de cèdre transylvanien alors que je terminais ma deuxième bouteille de Chartreuse… Je m’imaginais, Ludo le visage peint en blanc, Frfr torse nu, un pentagramme tatoué sur le torse, Phil jouant de la basse au milieu de 3 dogues allemands, un harnais de cuir lui tenant une boule d’acier dans la bouche, et Arno, en robe de prêtre rouge et noire, descendant sur scène sur une croix inversée incandescante, accompagné par le rythme agressif de 4 grosses caisses, 2 doubles pédales, et un riff entêtant d’une guitare accordée en Sol bémol mineur…
Une odeur d’encens avait envahi mon salon… Ainsi donc, depuis 5 ans, j’aurais voué ma vie et mon talent au service de suppôts de Nosferatu, et le clan Beans ne serait qu’une secte ?
Je ne pus m’y résoudre, et une analyse plus approfondie du communiqué de presse et de la pochette s’imposait… Il me fallait un choc… Il fallait me reprendre… 3 secondes de Christina & The Queens sur Shitube… Je repris mes esprits…
Certes c’est un cimetière… Mais le corbillard qui arrive laisse derrière lui une trainée de flammes que seule une De Lorean avait su dessiner avant lui… Là où je voyais une offense… il y avait une référence…
Certes ils sont de retour en noir… Mais les mains de zombeans rouges semblent plutôt annoncer un regroupement, un délire, un réveil… Là où je voyais une messe… il y avait une fête…
Certes ils sont de retour en noir… Mais un poil de pertinence linguistique, un soupçon de compétences anglaises… et nous voilà émus, en pensant à l’un des plus grands groupes du monde, l’une des sources d’inspiration de nos Beans, et qui a vécu ces derniers temps des intempéries uniques dans sa fabuleuse histoire… Là où je voyais un présage… il y avait un hommage…
Et puis j’eus ce flash… cette vision… Cette prémonition…
Et si les Beans portaient du noir comme on porte le deuil ? Et si, comme de modestes fidèles de la religion rock, ils pleuraient encore l’un de ses plus grands apôtres, l’homme aux santiags, au chapeau et à la basse saturée…
Et si finalement, en guise de funérailles, les Beans semblaient respecter les dernières volontés de celui qui manque à tous… comme si ils avaient imaginé ce qu’il nous dit de là-haut :
« Arrêtez de chialer bande de branleurs !! Faites la fête !! Buvez !! Gueulez !! Où est la basse ? L’ampli Marshall ? Keep Rocking Motherfuckers !!! »
Cette fois j’ai compris. Les Beans sont de retour… en noir… Que la fête recommence …
Heckle Freux - The Black Crowe
